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fa- X, LES JEUNES VEULENT TRAVAILLER AUTREMENT Que sait-on du travail quand on a 16 ans et que l'on se prépare au bac? Pas grand-chose. Un stage de quelques jours en entreprise, à la fin de la classe de troisième, des conversations familiales, un petit boulot d'été dévoilent bien quelques facettes, imprécises, de ce qu'est une vie active. Mais pour l'essentiel, la réalité de l'univers professionnel reste loin des adolescents. Au mieux fantasme-t-on ce futur en ne retenant que l'aspect le plus brillant d'un métier, au pire l'ignore-t-on devant la prégnance d'autres interrogations plus existentielles. Et pourtant, c'est à 16 ou 17 ans, parfois même avant, que les adolescents doivent effectuer des choix d'orientation qui les forcent à se projeter dans leur future vie d'adulte travaillant, d'adulte tout court. Dans les familles, ces moments sont souvent l'occasion de prendre la mesure d'un certain écart entre générations. Aux questions faussement sereines ou franchement inquiètes des parents sur leurs projets d'avenir, les adolescents répondent en des termes qui peuvent paraître décalés à leurs aînés. Le marché de l'emploi n'offre pas que des perspectives réjouissantes aux jeunes, mais filles et garçons n'entendent pas pour autant «travailler dans un bureau ennuyeux» ou «. Ils parlent en revanche «d'épanouissement», de «plaisir», de «passion», de «contacts enrichissants», de «bonne ambiance». Et ils disent encore que le travail, «c'est important», mais «qu'on ne doit pas tout y sacrifier», évoquent la nécessité d'avoir «du temps pour soi», pour ceux qu'on aime, famille et amis réunis en une même tribu. Le rapport des jeunes générations au travail s'est fortement modifié ces dernières années, en même temps que s'est réaffirmé leur attachement à la famille et, plus largement, à la sphère amicale. «Aujourd'hui, estime le sociologue Michel Fize, la conciliation vie professionnelle-vie personnelle est capitale. Le jeune doit positionner son projet de vie en fonction d'un certain nombre de notions clés comme la liberté, la sécurité, la famille, l'argent...» [...] Les conditions de travail, mais aussi l'ambiance, la qualité des échanges avec les autres dans la sphère professionnelle sont considérées comme des critères majeurs de choix. La volonté de concilier goûts personnels et aptitudes professionnelles joue aussi un rôle important. Pour Michel Fize, ces évolutions sont le signe que les jeunes générations cherchent à réconcilier l'activité rémunérée et le plaisir, à faire du travail un prolongement des autres activités ludiques qu'elles pratiquent. «Ces jeunes se sont construits dans l'ouverture au monde, explique-t-il. Ils attendent du travail qu'il continue à favoriser leur épanouissement personnel.» Les mécanismes d'orientation tentent d'inscrire les adolescents dans une logique de projet, dans la durée, mais sociologues et spé- cialistes de l'insertion professionnelle notent que notre société, et encore plus les jeunes générations, sont dans l'instant. Arnaud SCHWARTZ, dans La Croix, mars 2004​

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